La FIS s'explique

En cette période Olympique, le monde du snowboard, nous les premiers, critique volontiers la FIS, son traitement du snowboard, et surtout sa légitimité à s'occuper de la planche à neige. 

Mais il est une voix que l'on entend jamais, celle de la FIS justement, et de sa branche française la FFS. Parce qu'un débat n'est intéressant qu'avec un contradicteur, nous avons envoyé quelques questions à Greg Boutin, qui s'occupe de snowboard à la FFS.

Bonjour Greg, quelle est ta fonction au sein de la FFS (Fédération Française de Ski), et qu'est-ce le groupe JFS ?

Je suis chef d'équipe du groupe slopestyle depuis ce printemps 2013. Cette saison l'objectif est de structurer une équipe en vue de prochains objectifs (ndlr : les JO 2018). Le travail fut particulièrement axé vers les jeunes qui évoluent au sein des structures fédérales : appuis scolaires ffs - poles espoirs - pole france.

JFS au départ, fut la mise en ligne de nos actions pour faire connaître aux partenaires, parents, amis... ce que l'on pouvait faire toute l'année. De la preparation physique aux entrainements variés, vers nos courses et objectifs.

Le but etait de se mobiliser pour avoir plus de visibilité et d'intérêt sur ces jeunes qui s'investissent énormément, ce que nous ne faisions pas avant .... Nous nous sommes réunis et avons mis au point ces épisodes et ce "JFS". Cela vient de nous et pas d'en haut. On fait tout avec les moyens du bord, souvent lors de longs trajets en bus... Le but est aussi de faire voir que la FFS investit, ainsi que des partenaires, et comme dans les autres nations qui réussissent, l'un peut largement aller avec l'autre... 

Nous avons aussi voulu mettre des personnes qui se trouvaient avec nous de temps en temps... Boris Mouton, Marion Gouwy et Haerty, Yannick Boudjelal, Victor Loron... pour parler du snowboard et des snowboarders qui font de la compétition. 

Qui sont les riders faisant actuellement partie du groupe JFS ?

Actuellement, il y a la partie solide du groupe avec des objectifs purement slopestyle : Sébastien Konijnenberg, Victor Habermacher et Lucile Lefevre.

Une nouvelle rideuse m'a contacté il y a un mois et demi, Anne-Sophie Lechon. Elle vient d'un dome en belgique mais est bien française et ride fort... Apres une semaine sur Tignes où cela s'est vraiment bien passé entre moi et le reste du groupe, elle va faire toute la fin de saison avec nous et est hypra-motivée.

Elle a le même objectif que nous et je pense que cela peut le faire... donc on continu avec elle. Il y avait Chloe Sillieres mais elle préfère s'entraîner différemment... et sort de mon groupe.

Depuis deux saisons Thalie Larochaix fait quelques stages avec nous. Elle sera avec nous aux championnats du monde juniors... donc à voir pour la suite avec ce groupe.

Le nom JFS reste encore pour le moment mais il va forcement changer dans les mois qui arrivent suivant notre futur fonctionnement à la FFS et suivant nos objectifs : nous ne serons plus "Juniors". Mais l'idée du travail restera le même. ...

Qu'est-ce que la fédération met en place pour les aider concrètement ?

Des appuis scolaires, un encadrement sur la neige mais aussi en prepa physique, la logistique pour la saison (déplacements, réservations...), une programmation suivant les objectifs, des aides financières perso ....

Ont-ils la possibilité de rider autre chose que de l'entrainement ? 

Bien sûr et je leur demande de le faire autant que possible suivant leur libération (scolaire, entrainements, courses).

Pour des jeunes ce n'est pas toujours évident (voiture, permis) mais oui, si cela ne nuit pas aux objectifs et à leur implication, je trouve cela complémentaire sur le plan de la technique et des aptitudes...

Même faire du ski est bon.

Pourquoi choisir de faire l'impasse sur Sotchi et tout miser sur la Corée en 2018 ? Les riders désirant tenter leur chance pour Sotchi en slopestyle ont-ils été soutenus ?

Le choix a été fait il y a 2 ans, à l'annonce des JO en slope. On est restés au sein des jeunes sur le même fonctionnement. Avec du recul je pense que c'est une erreur auprès des jeunes car on aurait pu créer quelque chose, mais pas certain non plus que les sélections aient été là pour 2014. On apprend de ses erreurs et le fait que cela se fasse maintenant est aussi une bonne chose. Finalement on peut travailler sur du long terme (5 ans) et même si c'est lointain c'est motivant... je trouve que le groupe a progressé techniquement en un an seulement.

Par contre, il y a eu la volonté de certains athlètes de se mettre Sotchi en tête et de tenter l'aventure. La FFS n'a pas mis de bâtons dans les roues mais a laissé un groupe privé se monter. Comme Freeskiproject (ndlr : un groupe privé d'entrainement de skieurs freestyle avec Kevin Rolland, Ben Valentin, Xavier Bertoni, Thomas Krief), ce groupe aurait pu être présent à ces JO si les quotas avaient été atteints. Je pense que des aides auraient pu être données si des résultats s'étaient pointés au fil des courses. 

Mais ce n'était pas de ma responsabilité et je reste depuis un an concentré sur mon groupe et notre objectif d'avoir des représentants Français en slope.... en 2018 et lors des prochaines grosses courses (Championnats du monde FIS en 2015 et TTR en 2016).

Pour aller aux JO... un nom ne sert à rien et il faut s'y préparer, mais surtout être sélectionnable. J'entends que la FFS n'a mis personne en slope... mais il ne pouvait y avoir personne. Il faut sur les 2 années précédentes marquer des points, et faire le job sur des courses. Des riders et des nations n'ont besoin que de 2 ou 3 courses... nous il fallait tout faire pour y être, et encore. Les JO se méritent et il faut avoir la détermination pour y être et aller au bout. Je connais bien les Autrichiens : ils ont fait un groupe il y a 5 ans et ils sont en place maintenant... alors qu'au départ la nation n'est pas énorme si on la compare avec la Norvège, le Canada, USA, Japon, Finalande... bref 

Est-il compliqué d'entrainer des snowboarders au sein de la fédération d'un autre sport ?

Je ne pense pas que se soit un soucis si l'on a envie de bien le faire....

Une fois les objectifs posés il faut mettre les moyens en face, c'est évident. Je ferai tout après la saison pour continuer a développer ce groupe slopestyle. Les moyens ne sont pas extensibles et il n'est pas toujours évident de bien faire. Nous devons dire que le système D - débrouille doit fonctionner. 

Nous sommes un petit sport si l'on regarde la médiatisation en France. Les stations font peu pour le snow. Même si des snowparks sont tops et se développent... la France n'a pas pu bénéficier des heures fastes du snow, comme en Suisse par exemple, et notre reconnaissance ou le développement s'en ressent. 

Nous ne sommes pas assez crédibles... sans doute.

Pourquoi les évènements WST / TTR 6* ne comptent pas pour la qualification aux JO, alors que c'est le cas en ski avec les évènements AFP ?

Il n'y a pas eu d'accord entre la Fis et le TTR ... C'est dommage. 

Maintenant ne voyons pas tout négativement car un système se met en place et devrait apporter la solution : WSPL. World Snowboard Point List qui regroupe toutes les courses snow autour de la planète. Avec à mon avis une bonne année pour le rendre fiable, les nations s'en serviront pour les sélections futures. Les media, public et partenaires y verront plus clair... car il y a une cohérence sur le classement. Je pense que c'est une excellente chose et que cela va changer la donne des calendriers et des actions de nos riders dans l'avenir. Cela peut même faire évoluer les courses et jugement etc....

Les riders souhaitant faire partie du programme Fédéral doivent-ils payer pour en être ?

Oui depuis 2 ans, mais il faut comprendre que tout est pris en charge pour ces riders. En plus ils peuvent avoir des aides financières perso... ce qui au final fait que la saison est largement équilibrée, voir même avec un plus de la FFS suivant les cas. Et il y a une responsabilité supplémentaire du rider dans l'entraînement.  

Quelle est ta position sur la fameuse question du BE spécifique snowboard en France ? La fédération de ski dont dépend le snowboard a t-elle la même vision ?

Je trouve dommage que de bons riders ne puissent pas vivre de leur passion. Nous savons que les passionnés arrivent à se développer avec idées et innovations. Nous manquons de cadres qualifiés et motivés, les clubs ne peuvent se developper correctement sans ça.

Je ne sais pas où est la responsabilité et quelles sont les motivations exactes de tout cela... des lobbies existent sans doute mais il est évident que tous les autres pays se développent et nous... pas forcément au même rythme. Je ne sais pas si la FFS peut faire changer les choses à ce sujet. Maintenant j'ai envie d'être confiant pour la suite car des idées sont en cours. A voir en fin de saison pour la suite.

Peut être qu'une table ronde : media, ffs, partenaires, stations, shapers, pourrait être une solution pour mettre en évidence un développement et des solutions ? En voulant être optimiste cela serait bien si c'est pour construire...

Verra t-on votre groupe sur le meilleur slopestyle français, la Poney Session ? 

Au départ non, car les dates n'allaient pas ! Après changement de dates j'ai dit à Sébastien Konijnenberg et Victor Habermacher que s'ils souhaitaient y aller, cela serait pas mal... mais on rentre le 17 avant de repartir pour le hp et sbs des mondiaux juniors en Italie vers le 23 (ndlr : la poney a lieu du 20 au 23 mars), mais à voir. Pour les filles ce n'est pas possible ? Si on peut tous venir ok... why not.