Freestyle.ch 2011 : je suis venu et j'ai vu

Quand Fluofun m’a contacté il y a deux semaines pour réaliser la couverture snowboard du freestyle.ch, j’ai d’abord été saisi d'effroi à l’idée de devoir apprendre toute l’histoire récente de la planche à neige pour arriver à un sortir un article potable qui donne l’impression de savoir de quoi je parle.

Mes craintes furent vite dissipées quand on m’a dit que seul mon regard novice et candide comptait sur le freestyle.ch qu’apparemment plus personne ne veut couvrir tellement il manque d'intérêt - sportif j’entends.

En prenant le train pour Zurich depuis Paris ce vendredi 23 septembre, je m’attendais peu ou prou à tomber sur un genre d’évènement calculé au millimètre, sur-sponsorisé et utilisant le prétexte des sports extrêmes pour vendre de l’espace publicitaire. On est pas si loin de la mise à disposition de temps de cerveau humaine disponible chère à un ancien PDG de TF1.

Sur le terrain dès 8h midi le samedi, j’ai vite compris que le freestyle.ch ressemblait à l’idée que je m’en faisais et que la foire de Savoie n’avait rien à lui envier.

Pendant 2 jours et 2 nuits, j’ai pu me promener au milieu des 33 000 badauds, essentiellement germanophones, venus voir au choix du FMX ou des stands de nourritures bien grasses, du Skate ou des bières pas chers, du Freeski ou des dizaines de marques pas si innocentes que ça, du Snowboard ou des artistes musicaux qui font boumboum.

"du pain et des jeux"

Alors que des hordes de jeunes plus semblables les uns que les autres s’emparent d’un maximum de goodies qu’ils accumulent dans leurs sacs, les speakers s’emploient à chauffer la foule qui n’est pas toujours prête à crier. “Make some noise” c’est ce que répète à la nausée l’un des speakers pendant 48h. Je l’ai encore dans ma tête.

Ces mêmes speakers ne manquent pas d’insister sur le lancement de la première Mini-MégaRamp d’Europe. Pour ma part, je vous demanderais de bien réfléchir au concept de Mini-Méga et de m’éclairer sur ce que cela signifie...

Mais le peuple n’est pas tout alors je tente de résister à l’hypnose des milliers de lunettes colorés pour me rendre au big air afin de suivre les snowboardeurs, ces champions des temps modernes. Ma dernière expérience du snow remonte au JO de Vancouver (et oui désolé) : c’est là que j’ai retenu les noms de Iouri Podladtchikov, Christian Haller, Mark Mcmorris, Elias Elhardt ou encore Sebastien Touttant. Peut être même qu’ils n’étaient pas au JO mais m’enfin ils sont là au freestyle.ch. Comme tout novice du snowboard, je pensais voir Travis Rice, Mathieu Crépel et Shaun White mais apparemment leur présence n’est pas très commune sur ce genre de contest. Les autres sont là à la faveur d’un prize money élevé et d'un calendrier peu chargé à cette époque de l'année.

J'assiste au brief des riders snowboard par le directeur de course et je suis ravi de voir que le règlement prévoit différents types de jugement en fonction de l’épreuve : 

• En qualifications (16 riders), c’est les 2 meilleurs sauts sur 3 qui compte : 1 de technique, 1 de style et un au choix. 
• En demi-finale (8 riders), c’est les 2 meilleurs sauts sur 6 avec le choix de la technique ou du style. 
• En finale (4 riders) c'est le meilleur des deux sauts. 

Les qualifications en images : 

Avec ces qualifications du samedi après midi je me rends compte que le freestyle.ch c’est aussi l’assurance de pouvoir photographier du ski ou du snow sans s’enquiquiner avec tout l’attirail du rider, sans avoir froid, sans être mouillé et en pouvant s'asseoir régulièrement en mangeant un plat chaud avec du wifi. Le ride urbain en septembre a cela de bon.

Le soir, on se retrouve avec une partie des 33 000 badauds dans le quartier post-industriel de Zurich pour la grande soirée officielle du Freestyle.ch. Je forme équipe avec mes confrères de Skipass.com et ceux de Skieur.com ainsi que mon consultant attitré snowboard, un certain François O. Les médias sont choyés puisque nous avons un espace VIP qui nous permet de se sentir privilégiés dans cet immense poulailler. C’est une consœur qui me dit que les snowboardeurs ont des casquettes ou des bonnets de la marque de boisson énergisante qui fait mal au vente. Je me mets donc à leur recherche pour ramener un scoop.

Les convives sont eux survoltés, il faut dire qu'ils ont consommés de la bière toute la journée. Avec mon oeil d'expert en statistique, je dirais que pas moins de 30% des participants en avait à la main ce week-end. Très sport et surtout ça donne une ambiance gros beauf très user-friendly.

Entre deux gorgés de Jägermeister on me présente un rider. On me dit Victor et Fluofun. Je le photographie, je pense que c'est important.

L’alcool faisant effet, je commence à vagabonder dans les allées de cette jeunesse dépravée...

...jusqu'à me rendre compte que mes photos sont de plus en plus floues et qu'il faut donc aller se coucher. On ne s'inquiète pas pour le lendemain car le freestyle.ch est fait pour la fête : les demi-finales du snowboard ne commencent qu'à 16h00.

Le dimanche est tout aussi prenant que le samedi mais je décide de me rapprocher au plus près des riders. Suivant ma technique du “je sais que j’ai pas le bon pass parmis les 20 disponibles mais je fais semblant d’être un mec qui sait qu’il peut aller partout”, je réussis à m’introduire dans l’ascenseur qui monte tout en haut de la structure. J’y rencontre le futur vainqueur ainsi que les 3 autres riders de la finale mais aussi des cadres japonais d’un gros sponsor venus prendre l’air parce qu’ils ont donné beaucoup d’argent.

Halldor Helgason, l'islandais de Monaco.

Le numéro 5 Christian Haller et Stale Sandbech.

Petit accroc de l’après midi, un rider de FMX chute lourdement lors de la finale des motos. Il appel à l’aide rapidement. Moment de panique. Les secours l’évacueront au bout de 20 minutes. Ce qui me surprend c’est la musique qui s'éteint et le silence de mort qui s’abat sur le parc du freestyle.ch. Ces évènements sont tellement rodés et faits pour qu’on soit sollicités en permanence qu’on en oublie presque les temps morts ou ce qu’est la vrai vie. Un mal pour un bien, ce rider aura permis de ne pas oublier que nous sommes mortels et que le monde bien policé du freestyle.ch n’est qu’un masque fragile.

Le snowboard étant encore un sport très populaire et grand public, la finale de cette discipline clôture l’évènement. Les 4 riders présents font des sauts très impressionnants que vous avez sûrement vu en vidéo. A ce petit jeu là, c’est Halldor Helgason qui gagne et ça me convient plutôt bien tant le garçon à l’air sympathique.

Seppe Smits, second.

"Check, j'ai gagné"

Les prix ne sont pas encore remis que les techniciens s’affairent déjà à démonter les structures. Sur le chemin du retour, je me demande si j’ai assisté à un évènement de sports extrême ou juste à un acte d’onanisme rapide pendant deux jours. On ne voit pas réellement de snowboard au freestyle.ch, un big air de ville n’est pas forcément le plus adéquat pour s’exprimer. Le snowboard était au service de l’évènement, et non l’inverse.

C'était Pierre Morel en voyage à Zurich, à vous les studios.